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LE FEMININ BLESSE

Ceci est le résumé d'une séance d'un groupe de parole

 

Nous sommes accueillis, un par un, avec déférence et  bienveillance, et nous nous installons presque silencieusement, chacun choisissant sa place dans le cercle des sièges. Dès le seuil de la porte franchi, nous baignons dans une atmosphère autre où chaque geste, chaque mot pèse différemment et nous en prenons conscience.

 

Intimidée malgré moi, j’espère me faire légère pour ne pas égratigner la trame qui s’est tissée ici depuis déjà trois séances. Curieuse aussi parce que la raison de ma présence doit être d’importance. Le maître des lieux, le Célébrant, me présente élogieusement comme celle qui écrit et celle qui utilise l’hypnose en thérapie.

 

ET PUIS

 

Il y a celle qui cherche dans la magie des nombres une ligne explicative des blessures et des douleurs par un inéluctable prédéfini ouvrant paradoxalement sur un infini de possibles : la petite lumière qu’elle a trouvé pour elle et qu’elle désire offrir.

Celle qui redistribue.

 

Il y a celui qui cherche aussi avec sa tête un chemin correspondant à une qualité spécifique ressentie au niveau de son cœur. Une spiritualité s’identifiant à l’image qu’il s’en fait, quand bien même il se cogne un peu aux différences rencontrées de ce qu’il croit ne pas vouloir pour se relever encore courageusement. Celui qui frappe à la porte.

 

Il y a celle qui a tout refusé en bloc, courageuse et volontaire, et qui se permet le luxe inouï de troquer, en plus beau, ce que l’homme démuni arrache de force, prend avec gêne ou mépris. Redécouvrir la beauté dans toutes les formes, de toutes ses forces. Inventer une autre justice ou réajuster, grappiller de la tendresse et faire fit de tous les dictats, vivre en sauvageonne de luxe au mépris des obligations faussement citoyennes. Ayant connu l’envers, Celle qui nous montre l’endroit.

 

Il y a la fée Violette, que j’avais d’abord prise pour un lutin bondissant, qui fait de sa jeunesse une toute puissance, de la fragmentation - de la matière première abusée - la transmutation et l’envol direct vers tout là-haut, d’un cri un chant, et de son désir une invitation à tous les êtres ailés de l’accompagner pour lui permettre de davantage partager. Celle qui s’offre à la Déesse en chantant.

 

Il y a celle qui a tout essayé pour transformer la blessure en plaisir, la violence en désir. Du rien à l’excès, se remplir… Arrêtée soudain par l’inéluctable, qu’en elle, ce qui aurait pu se remplir a décidé du contraire. Et, toujours, reste ce cœur immense lové dans ce giron maternel où tous les enfants tristes de la terre rêveraient de se blottir. Celle qui ressuscite.

 

Et puis il y a celle qui n’a retrouvé force de vie que par le toucher si léger et la réceptivité si grande du deviner, adoucir, partager, et qui pleure aussi ce qui lui a été refusé. Ses antennes se posent avec délicatesse sur tout ce qui palpite avec ce grand désir de guérison. Celle qui marche sur l’arc en ciel.

 

Et celle dont le magnifique sourire s’est tout à coup effacé pour se briser, prise de court, terrassée, qui a eu le courage d’assister jusqu’au bout à l’élaboration du chaos et sa transmutation. Celle qui est courageuse.

 

Et celui qui choisit et fait germer les graines d’antan pour caresser les blés dans le vent. Retour à l’enfance, don de l’authentique. Reprendre les essentiels dès le départ, les choisir et leur donner la chance de renaître. Qui épouse la terre mère pour pétrir la pâte vraie et qui devient père-mère nourricier. En attente Celui qui donne du temps au temps.

 

Et puis, sous le regard attentif et extrêmement vigilent du Célébrant, Celui qui ne s’attend pas à ce qui va émerger….

 

Des mises à nu, des accords croisés, des similitudes partagées et pleurées, des sourires et des baisers-pansements. Des je sais, je comprends. Beaucoup d’amour et d’énergies réparatrices tournoyantes.

 

Tout à coup, presque palpable, surgit le puits de la douleur, matérialisé au milieu de la sécurité du cercle. C’est une fenêtre donnant sur le royaume mouillé d’en bas où se déversent depuis trop de temps, entre le roc et la boue, les larmes des femmes, torrents souterrains, canevas d’eau, méticuleusement entrelacés, dont la dureté du sel se dissout peu à peu dans tous les océans.

 

LA CELEBRATION DES RETROUVAILLES

 

Il y a Celui qui s’approche de la margelle du puits, qui ne peut pas encore regarder, qui recule, qui palabre, qui sait déjà tellement et qui reste au bord. C’est son courage qui entraine les autres à s’essayer.

 

Celui qui répare déjà, qui fait pousser la vie, et qui nourrit sainement ses semblables ne peut pas se perdre à regarder ce qu’il pressent, il est là de tout son énergie, les pieds enracinés dans celle de sa mère-terre pour permettre, pour aider Celui qui a été désigné :

 

Celui qui s’approche du puits, le Conciliateur, qui hésite et pourtant devine les vapeurs de l’horreur et s’en effraie. A-t-il le choix ? Il s’élance enfin, en homme-guerrier courageux - sur l’invitation sécurisante proposée par le Célébrant - de descendre doucement, de pénétrer avec toutes les précautions possibles dans l’impénétrable. Alors, tout doucement, il s’incline à presque se briser, submergé par l’émotion, il joint les mains devant  le féminin blessé.

Et là quelque chose de céleste s’enclenche, en aval du baiser magique qui réveille la jeune fille à la femme, la demande de l’homme du pardon des blessures faites aux femmes par les hommes, réveille sa douleur d’homme.

Et il se voit tout à coup, se rencontre dans le miroir des eaux, image d’homme. Sa peine est immense en résonnance. Il offre à son tour le sel de sa douleur.

Ces quelques larmes d’hommes offertes sur l’hôtel du féminin blessé s’ajoutent à celles des femmes et annule ainsi tout ce qui d’habitude habillait la blessure : colère, revanche, dégoût, vengeance, mépris, exigence de rachat, de justice. ..

 

Dans la pure douleur, une larme d’homme peut-elle se différencier d’une larme de femme ? Pas davantage sans doute qu’une goutte de sang d’homme ne peut se différencier d’une goute de sang de femme.

Blessure dedans, blessure dehors. S’incliner, pardonner, se mélanger, et le feu de la compassion s’embrase alors et purifie par sa lumière tant de zones d’ombre. Une espèce de force, presque de joie, commence à pétiller.

 

La ressuscitée, Celle qui demande que l’on se prenne tous par la main, dans son désir d’enfanter un monde nouveau : faire une ronde, faire bloc, redevenir une-un, humain, ne plus se sentir séparé, égaliser les énergies, répartir les forces, redistribuer les surplus, s’apaiser, s’autoriser à aimer, renaitre plus fort, pardonner, sourire.

 

Instant de bénédiction. Ces femmes et ces hommes assistent, étonnés, à la naissance joyeuse du calme jaillissant du chaos regardé. Le puits s’est refermé et un cône céleste s’ouvre. Inspiré, le Célébrant suggère un chant. La fée Violette puise alors dans la générosité de son cœur pour y trouver la magie du son, et elle, si jeune et si frêle, devient notre Mère-grand. Elle nous apaise par sa berceuse cosmique. Et, c’est comme le vent dans les arbres, comme l’eau des rivières, cela nettoie, apaise, absout.

La simplicité de dire le vrai du jour, sans fard, et voir, entendre, sentir que la somme des douleurs dans le partage sans jugement se fractionne au lieu de s’additionner … et s’en émerveiller.

Le Célébrant murmure son remerciement à ce que la spirale se soit surélevée d’un cran. Nous avons eu le privilège de partager un grand moment de réconciliation et, qui sait, d’acceptation à ce qui est. 

 

Quand à celle qui écrit, elle est venue passer un test. Aucune des énergies tournoyantes ne l’ont fait trébucher comme ce fut le cas il y a peu d’années. Les ondes de chocs sont restées canalisées au niveau du malléable des entrailles en pâte à papier.

 

Le reste de moi n’était plus là pour pleurer ou s’apitoyer. Juste une présence qui participait à transformer, épurer, et retourner les énergies,  une fois celles-ci empruntes de quelque chose comme de la compréhension, de la consolation. Je ne savais plus avoir mal en moi, ni pour moi, ni pour les autres. Je me suis même crue, un instant, devenir indifférente. Comment nommer cela ? Je voulais englober, non, je ne voulais rien car il n’y avait pas de volonté. J’englobais, je participais à nous diluer, à nous épurer et je n’y étais pour rien. J’assistais à quelque chose qui était en train de se faire et pourtant je maintenais une vigilance. Peut-être faisiez-vous la même chose. Je rencontrais plusieurs fois votre regard (ou le contraire) pour m’assurer, pour vous assurer, que tout était en ordre. Je me sentais prendre un autre volume tout en restant à l’intérieur du cercle. Je faisais partie de notre assemblée et je l’englobais.

 

En prononçant les mots : « il me semble que justice est faite » cela ne correspondait qu’à une partie insignifiante de moi. Le reste, il me fallait y réfléchir. Et encore n’est-ce pas facile, je ne sais pas encore traduire. C’est grandiose et c’est rien. Les mots peuvent essayer de traduire l’émotionnel, mais quand il n’y a plus d’émotionnel, que reste-il ? Une volonté ? Même pas. Une intentionnalité ? Je ne suis même pas sure. Oui, peut-être quelque chose de l’ordre de l’acceptation. Quelque chose de l’ordre de « juste maintenant, tout est absolument parfait ».

Ce fut un merveilleux cadeau que de participer à cette guérison.

 

 

Sylvaine Gros

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Cintenat n°3

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